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Choisir son isolant : comprendre pour bien décider

  • yves-alexandrepell
  • 28 avr.
  • 7 min de lecture

L'offre de matériaux isolants est aujourd'hui extrêmement vaste. Entre les isolants synthétiques, minéraux ou biosourcés, en vrac, en panneaux rigides ou souples, il est parfois difficile de s'y retrouver et de déterminer quel isolant est le plus adapté à son projet.


L'origine des isolants

On distingue trois grandes catégories de matériaux isolants :

  • les isolants synthétiques d'origine pétrochimique (comme le polystyrène ou le polyuréthane)

  • les isolants d'origine minérale (laine de verre, laine de roche)

  • les isolants d'origine "biosourcée" (laine de bois, laine de chanvre, laine de mouton, Métisse®, paille…).


Il existe également d'autres types d'isolants plus spécifiques, tels que les isolants minces ou sous vide, qui restent toutefois marginaux en usage courant.


Les isolants d'origine pétrochimique


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Les isolants synthétiques regroupent les panneaux et mousses de polystyrène expansé, extrudé, et de polyuréthane. Issus de la pétrochimie, ces matériaux offrent une résistance thermique excellente, avec un lambda de 0,022 W/m.K pour le polyuréthane rigide (PUR) et de 0,030 à 0,035 pour les polystyrènes (XPS/PSE). Leur étanchéité à l'eau est un atout, particulièrement en cas d'humidité.


Cependant, ces matériaux présentent plusieurs inconvénients majeurs. Leur inflammabilité, conjuguée à la toxicité des fumées qu'ils dégagent en cas d'incendie, pose un problème de sécurité. Leur très faible perméabilité à la vapeur d’eau les rend également inadaptés aux bâtiments anciens, dont les murs doivent pouvoir respirer pour évacuer leur humidité naturelle.

De plus, la fabrication de ces matériaux est particulièrement énergivore et soulève des questions environnementales et éthiques majeures.

Enfin, leur légèreté facilite la mise en œuvre, mais elle s'accompagne d'une absence d'inertie thermique. Résultat : si le confort en hiver est satisfaisant, le comportement en été est médiocre, avec un déphasage (temps que mets l'onde de chaleur à traverser une paroi) très court.


Les isolants d'origine minérale

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La laine de verre et la laine de roche sont aujourd'hui les matériaux isolants les plus utilisés en France. Ils offrent une bonne résistance thermique (lambda de 0,030 à 0,046 W/m.K pour la laine de verre et de 0,033 à 0,040 pour la laine de roche) et une bonne résistance au feu, sans émanations toxiques en cas d’incendie.


Néanmoins, leur sensibilité à l'eau est problématique. Lorsque ces matériaux sont mouillés, ils perdent une grande partie de leur propriété isolantes. En effet, l'isolation est assurée par de l'air emprisonnée en une multitude de toute petites cavités au sein du matériau. On parle d'air captif. Lorsque qu'une laine minérale est mouillée, les cavités se remplissent d'eau et l'air (isolant) est chassée du matériaux. Même après séchage, les fibres restent souvent compactées, et les propriétés initiales ne sont jamais totalement récupérées.


Dans le contexte d'une isolation intérieure sur murs anciens (en pierre, terre, mâchefer, pisé,...), la condensation dans l'isolant est quasi inévitable, rendant leur usage délicat.


Autre point faible, ces laines se tassent au fil des années, créant des ponts thermiques importants, notamment en haut des murs et en toiture.


Comme pour les isolants synthétiques, leur légèreté implique une faible inertie thermique, et donc un confort d'été limité.


Leur cycle de vie est également discutable: La fabrication est très énergivore (chauffage du verre ou de pouzzolane), la laine verre utilise (partiellement) du verre recyclé, mais qui pourrait être recyclé en bouteilles ou consigné (dans un monde meilleur) mais surtout le recyclage de ces matériaux et mauvais. Pour qu'un produit soit recyclé, il faut qu'il soit "pur" (un seul produit). Sur le papier, les laines minérales sont recyclables. Mais dans les faits, pour qu'une laine soit isolée du reste des déchets de démolition, séparés de son krafts et de tous les autres matériaux hybrides, des adjuvants, fibres synthétiques, etc... il faut de la main d'oeuvre... et de l'argent. Concrètement: le recyclage est possible sur le papier, mais peu réalisé dans les faits à cause de la complexité du tri et du coût.



Les isolants d'origine biosourcée

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Les isolants dits "biosourcés" regroupent des matériaux comme les laines de bois, de chanvre, de mouton, la paille, le liège ou encore le Métisse® (coton recyclé). J’emploie les guillemets car beaucoup de panneaux de cette famille (bois, chanvre, etc.) utilisent aussi des fibres de polyester synthétique pour la cohésion, et subissent des transformations industrielles.

Malgré cette nuance, les isolants biosourcés offrent une résistance thermique comparable aux autres matériaux courants. Surtout, ils sont très ouverts à la vapeur d'eau, ce qui les rend particulièrement adaptés au bâti ancien. Contrairement aux isolants minéraux, ils supportent mieux l’humidité accidentelle : après séchage, ils retrouvent généralement leurs propriétés d'origine.

Malgré ce qu'on pourrait penser, beaucoup de ces matériaux offrent un bonne résistance au feu.


Leur impact environnemental est largement supérieur aux autres types d’isolants. Provenant de ressources renouvelables, ils contribuent à la séquestration du CO₂. Seules certaines étapes de fabrication (adjonction de fibres synthétiques ou traitements spécifiques) dégradent légèrement leur excellent bilan.

Ces matériaux sont également beaucoup plus denses que les isolants synthétiques ou minéraux, ce qui complique un peu leur mise en œuvre, mais offre en contrepartie un confort thermique remarquable en été grâce à un fort déphasage (souvent supérieur à 12 heures).

Enfin, ils sont moins sensibles aux attaques de rongeurs (grâce à leur densité entre autre), en particulier la paille et la ouate de cellulose, ce qui constitue un atout supplémentaire en termes de durabilité.


Chaque matériau va avoir ses caractéristiques propres. Pour un milieu humide, le liège sera intéressant, la laine de bois apporte plus d'inertie parce que plus dense, etc... Le matériau à utiliser dépendra donc en partie du besoin.


Autres isolants spécifiques

Il existe également d’autres solutions techniques, comme les aérogels, les isolants sous vide ou les isolants réflecteurs minces. Toutefois, leur usage reste marginal en habitat résidentiel.

Les isolants minces sont peu efficaces dans les conditions courantes car leur épaisseur est insuffisante pour offrir un déphasage thermique notable. Les aérogels, bien que très performants, sont fragiles, très coûteux à produire et leur durée de vie réelle reste à prouver. Quant aux isolants sous vide, leur pose est délicate : ils ne peuvent être percés, ni coupés, et la moindre faille remet en cause leur efficacité théorique.



Bilan écologique des matériaux isolants

En termes d'impact carbone, les isolants biosourcés peu transformés se détachent nettement du lot. Leur bilan est excellent, voire négatif, car ils stockent du carbone pendant leur durée de vie. Les isolants minéraux affichent un bilan médiocre, tandis que les isolants synthétiques, notamment le polystyrène, sont parmi les plus néfastes pour le climat.

"Bilan CO2" de 1m² de divers isolants pour une épaisseur correspondant à une résistance thermique de 5m²K/W.	Source: Oliva, J.-P., & Courgey, S. (2010). L’isolation thermique écologique. Terre vivante.
"Bilan CO2" de 1m² de divers isolants pour une épaisseur correspondant à une résistance thermique de 5m²K/W. Source: Oliva, J.-P., & Courgey, S. (2010). L’isolation thermique écologique. Terre vivante.

En ce qui concerne l'énergie grise, c'est-à-dire l'énergie nécessaire à la fabrication, les panneaux très denses comme certaines fibres de bois haute densité présentent un coût énergétique élevé. Leur usage doit donc être réservé à des applications spécifiques nécessitant leurs propriétés mécaniques. Globalement, les isolants issus de la pétrochimie et de l'industrie minérale montrent également un mauvais bilan en énergie grise.



Coût "Energie grise" de 1m² de divers isolants pour une épaisseur correspondant à une résistance thermique de 5m²K/W.                                                                                                                                                                        Source: Oliva, J.-P., & Courgey, S. (2010). L’isolation thermique écologique. Terre vivante.
Coût "Energie grise" de 1m² de divers isolants pour une épaisseur correspondant à une résistance thermique de 5m²K/W. Source: Oliva, J.-P., & Courgey, S. (2010). L’isolation thermique écologique. Terre vivante.


Synthèse globale



Synthétique

Minéral

Bio-sourcé

confort hiver

+++

++ à +++

++ à +++

confort été

--

0

++ à +++

Résistance à l'eau liquide

+++

---

-- à ++ dépendant de la pose et du choix pertinent

Résistance au feu

---

++

0 à ++ dépendant de la pose et du choix pertinent

pérennité

+

-

+ à +++ dépendant de la pose et du choix pertinent

prix

accessible

accessible

accessible à onéreux

Bilan écologique

---

--

0 à +++

Mise en oeuvre

+++

+++

0 à ++ dépendant de la pose et du choix pertinent



Sous quelle forme


Il y a deux grandes familles d'isolants: le vrac et les panneaux

Les panneaux sont destinés à être posés bord à bord, dans une structure (rails, ossature bois, etc.) ou non.

Le vrac est destiné à être insufflé dans une structure ou sur plancher de comble perdu par exemple.


Quelle forme est la plus adaptée à mon usage ? Il n'y a pas de réponse magique. De nombreux facteurs vont influencer le choix de la "forme" d'isolant: auto-réalisation, formes géométriques simples ou complexes à isoler, planéité du mur, humidité des parois, etc.


En panneaux

Les panneaux sont disponibles facilement et leur mise en oeuvre est (relativement) simple et ne demande pas une grade technicité. Mais beaucoup de soin devra être apporté notamment dans les raccords (sous peine de créer des ponts thermiques) et la pose de l'indispensable pare-vapeur qui doit être parfaitement jointoyé, non déchiré, non percé.

La structure des panneaux permet une application plus simple sur des parois verticales.

La découpe des panneaux génère aussi beaucoup de déchets, particulièrement pour des formes complexes.


Cependant, dès lors que les formes à isoler sont irrégulières (cavités, poutres équarries et non sciées, ...) ou lorsque la partie à isoler est difficile d'accès, une mise en oeuvre correcte peut s’avérer extrêmement compliquée.


le coût financier est (souvent) moins important que pour le vrac.



En vrac

La mise en oeuvre est souvent confiée à des professionnels pour assurer une homogénéité de la pose et une bonne performance thermique. En effet, la projection demande du matériel onéreux et ne s'improvise pas.

Le vrac permet de s'insinuer dans tous les interstices à isoler et limite fortement le risque de ponts thermiques, même pour les géométries les plus complexes. On peut utiliser du vrac sur des parois verticales en voie sèche dans un coffrage spécifique ou projeté en voie humide (ouate de cellulose par exemple)


La finition et la performance seront souvent meilleures avec du vrac qu'en panneaux pour un prix souvent plus élevé.



Conclusion

La gamme de produits disponible sur le marché est considérable. Chaque isolant aura sa spécificité, ses avantages et inconvénients.

Cependant, à l'ère des défis environnementaux, il semble que l'approche bio-sourcée soit la plus pertinente, peu importe le type de bâtiment. Pour le bâti ancien, il n'y a que le bio-sourcé qui devrait être envisagé pour ne pas aggraver les problèmes liés à l'humidité, le pourrissement des complexes isolant/parement, etc.

De nombreuses initiatives locales se développent, il est souvent intéressant de se renseigner sur ce qui se fait au plus près de chez soi (chanvre, lin, kenaf, lavande, etc.)


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