Dalle ou hérisson en rénovation ?
- yves-alexandrepell
- 4 mars
- 5 min de lecture

Rénover le sol d’une maison ancienne ?
Lorsqu'on rénove une maison, notamment une maison ancienne, il peut être nécessaire de revoir le sol. Cela peut être le cas lorsqu'un excès d’humidité pose problème par exemple.
Dans tous les cas, lors de la rénovation d’un habitat ancien (murs en pierre, pisé, bauge, torchis, etc.), il est indispensable de choisir les matériaux adaptés pour préserver au mieux la construction.
On voit d’innombrables exemples sur les réseaux sociaux de rénovations de longères en pierre où la première intervention consiste à réaliser une dalle en béton pour poser un joli carrelage. Pourquoi est-ce une fausse bonne idée ?
Le ciment Portland

Le béton est un mélange de granulats et d’un liant. En général, quand on parle de béton, on entend par là du béton à base de ciment Portland. Nous utiliserons ce terme pour la suite (bien qu’il existe, par exemple, des bétons de terre).
Ainsi, ici, on dispose d’un mélange de ciment Portland, d’eau, de sable et de gravier.
Le béton présente deux caractéristiques qui nous intéressent particulièrement :
Sa rigidité
Son imperméabilité à la vapeur d’eau
Les maisons anciennes, construites sur des fondations superficielles en pierre, subissent constamment des micro-déformations en fonction de l’état humide ou sec du sol, du gel en hiver, etc. Or, la terre (et la chaux) sont des matériaux souples qui acceptent ces micro-déformations et assurent ainsi la continuité structurelle des murs sans fissurer. Le béton, quant à lui, est excessivement rigide et incapable de suivre ces mouvements. Appliquer du béton sur un mur en pierre, c’est donc s’assurer de voir apparaître des fissures plus ou moins rapidement. Pour le sol, c’est globalement la même chose : il est soumis aux mêmes déformations, ce qui rend impératif d’instaurer une discontinuité entre le mur et une éventuelle dalle en béton.
De plus, le béton est très peu perméable à la vapeur d’eau. Recouvrir le sol de ciment revient donc à empêcher l’évaporation de l’eau souterraine. Dans le neuf, cela peut être souhaitable, mais dans un bâtiment ancien, les murs sont soumis à des remontées capillaires inévitables (et même nécessaires pour la respiration du mur). Étanchéifier le sol force alors l’humidité présente en profondeur à s’infiltrer par les murs, les surchargeant d’eau.
Le résultat ? Des murs humides, un intérieur inconfortable et un risque accru de développement de moisissures. Dans le pire des cas, si les murs sont également enduits de ciment Portland, on peut même craindre des dégradations structurelles, voire un risque d’effondrement.
Le hérisson ventilé
Puisque le béton apparaît comme une mauvaise solution dans un bâti ancien, il convient de privilégier des matériaux souples et perspirants, tels que la terre crue ou la chaux.
Pour limiter les remontées capillaires, il est recommandé de mettre en place, sous la chape, un hérisson ventilé.
Qu’est-ce que c’est ?
Un hérisson est simplement un lit de grosses pierres (idéalement des galets) disposées en pointe vers le haut, ce qui rappelle l’image d’un hérisson. Pourquoi procéder ainsi ? Parce que les galets, étant trop espacés les uns des autres au contact du sol, ne permettent pas la formation de capillaires. L’eau ne peut donc plus remonter à travers le sol !
Quelle différence avec le ciment ?
La différence réside dans le fait que, contrairement au ciment qui bloque totalement la remontée d’eau, le mur peut relâcher l’excès d’humidité sous forme de vapeur au niveau du hérisson. Pour optimiser ce système, on peut ventiler le hérisson en installant un drain au niveau du sol. Ce drain permet d’évacuer l’humidité accumulée, assurant ainsi :
une maîtrise des remontées capillaires,
une gestion de l’humidité excessive susceptible de remonter par le sol.
Sur ce hérisson ventilé, on pourra réaliser une chape en terre crue ou, éventuellement, en chaux avant de poser le revêtement de sol. Il est préférable d’éviter le carrelage, qui est aussi – voire plus – rigide et étanche que le béton.

La terre et la chaux

Si je mentionne ces deux matériaux, ce n’est pas un hasard. Ils présentent des atouts techniques et écologiques qui les rendent particulièrement adaptés aux constructions et rénovations traditionnelles, même s’il convient de nuancer certains aspects.
1. Des matériaux à dimension écologique
La terre :
La terre est un matériau abondant et disponible localement. On peut souvent la trouver aux alentours (voire même dans la maison), ce qui limite les frais et l’impact environnemental liés au transport. son énergie grise est nulle (pas de fabrication) et est 100% recyclable
La chaux :
Bien que la chaux soit issue d’un matériau naturel (le calcaire), sa production nécessite la calcination, un procédé énergivore qui génère des émissions de CO₂. Ainsi, son bilan écologique est à nuancer en fonction des procédés de production et des conditions d’utilisation.
2. Régulation de l'humidité
La terre et la chaux sont réputées pour leurs excellentes capacités hygroscopiques. Elles absorbent et restituent l’humidité, contribuant ainsi à maintenir un microclimat intérieur équilibré. Dans les bâtiments anciens, cette propriété est essentielle pour permettre aux murs et aux sols de "respirer", ce qui aide à prévenir les problèmes liés aux remontées capillaires et à l’excès d’humidité.
3. Compatibilité avec des fibres naturelles
Ces matériaux se marient particulièrement bien avec des fibres naturelles, comme le chanvre. L’association terre, chaux et chanvre permet de réaliser des enduits, des isolants ou des mortiers qui participent activement au confort thermique et hydrique de la maison.
Le chanvre par exemple, grâce à ses propriétés isolantes et régulatrices, améliore la qualité de l’air et l’efficacité énergétique tout en offrant une alternative durable aux matériaux industriels.
En résumé, la terre et la chaux sont des choix pertinents pour créer ou restaurer un habitat sain et respectueux de l’environnement. Leurs qualités de régulation de l’humidité et leur compatibilité avec des fibres naturelles comme le chanvre contribuent à un confort optimal, tout en limitant l’empreinte écologique de la construction.
Petite digression...

Les sols en terre battue, en quenouille ou autres techniques traditionnelles que l’on trouve encore dans des maisons non rénovées sont efficaces et pérennes. S’il n’y a aucun désordre, il n’y a aucune raison de creuser un sol stabilisé depuis des centaines d’années ! (Surtout pour l’isolation… mais ça, nous en reparlerons plus tard.)
Conclusion
Pour conclure, j’aimerais parodier les Inconnus (j’espère qu’ils ne m’en voudront pas…) :
« Le béton, je dis non, Mais à la vie, je dis oui ! »
Aller plus loin...
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